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Une histoire de mélanome
15 mai 2010

Chapitre 3 : L'opération

Jeudi 6 mai 2010 j'arrive en début d'après-midi à l'hôpital. Une infirmière m'accompagne à ma chambre (particulière, ouf !), me laisse m'installer et va revenir me voir pour quelques renseignements.

Un peu plus tard on vient me chercher pour la lympho-scintigraphie. Déambulation dans les couloirs. Je suis mon guide jusqu'à la médecine nucléaire un livre à la main au cas où.
Arrivée dans la salle de radio, on m'explique l'examen. Quatre piqûres autour de la cicatrice pour injecter un liquide radio-actif, ensuite il faudra laisser le produit se diffuser et on suivra son cheminement à travers l'appareil.

Le médecin m'annonce que le produit est un peu douloureux. A ce genre d'annonce on ne sait jamais si doit s'attendre au pire ou à trois fois rien. Il prend bien soin de m'annoncer chaque piqûre et de me demander si cela va toujours.

La première piqûre est presque indolore, pour la deuxième le liquide est désagréable, la troisième un peu plus et à la quatrième on se dit que c'est enfin terminé. L'appareil avance au dessus de moi et je ne dois plus bouger.
Une vingtaine de minutes plus tard, le fameux ganglion sentinelle reste caché. On repousse l'appareil, je m'habille et je vais faire les cent pas dans le couloir pour activer la circulation. Au bout d'un quart d'heure je connais chaque porte, chaque recoin du couloir. Ré-installation et miracle tout s'éclaire. Enfin c'est ce que j'en déduis car je ne vois rien, presque cachée sous l'appareil. Le médecin va chercher le big chef pour dénicher mon ganglion sentinelle caché au milieu de cinq. Enfin ils le trouvent et on me fait une jolie croix dans le pli de l'aîne recouverte d'un pansement plastifié pour ne pas partir sous la douche. Je peux retournver dans ma chambre, accompagnée, sinon je serais encore en train d'errer dans les couloirs !

S'ensuivent une série de visites jusqu'au soir. Prise de température puis de tension puis l'anesthésiste vient voir si rien n'a changé depuis notre rencontre. Au tour de l'infirmière qui me donne les consignes de toilette du soir et du lendemain matin et la jolie tenue pour le bloc. Elle m'informe que je serai en 2e position pour une opération vers 9h30. Donc un repas ce soir et à partir de minuit je dois être à jeun. Le chirurgien vient m'exposer comment il me découpera le lendemain.

Entre ces visites je brode un peu avec du blues dans les oreilles venant de mon I-Pod.

C'est déjà l'heure du dîner ; il n'est que 18h15 !  Ensuite je vais prendre la douche avec le super gel douche-shampoing marron à la bétadine puis au lit avec mon bouquin.
A nouveau prise de la température et de la tension et un petit cachet pour rejoindre plus vite Morphée.

Je suis déjà réveillée lorsque l'infirmière vient me voir vers 7h.
La journée promet d'être ensoleillée mais je n'en profiterai pas.
Petites vérifications habituelles de la température et de la tension et je vais prendre une nouvelle douche avant d'enfiler la blouse verte avec son ouverte sexy au dos.
Peu après l'infirmière vient me faire une piqûre pour me décontracter et très vite les brancardiers viennent chercher le lit. Dédale de couloirs pendant qu'ils commentent des vacances, arrivée dans une salle en avance sur l'horaire. Il me semble que l'on m'a demandé si je la trouvais jolie puis : RIEN On a du penser qu'à mon âge il n'était pas nécessaire de vérifier si je savais compter jusqu'à 10. Mais ce qui me semble étrange c'est que je n'ai pas souvenir d'avoir été perfusée.

Lorsque j'ai rouvert les yeux, j'ai vu une grande salle avec d'autres lits. J'ai su que j'étais dans la salle de réveil. j'avais le masque sur la bouche et j'étais bien au chaud. Toutes ces constatations me sont parvenues par bribes espacées. J'ai gardé le masque un moment puis une infirmière est venu l'enlever, m'a demandé si cela allait. J'ai répondu un oui rauque. J'avais été intubée et côté voix il fallait être patiente. Je ne sais pas combien de temps cela a duré. Par intermittence je replongeais. J'ai vu arriver une dame âgée à côté de moi qui tremblait de froid et me donnait l'impression d'être fragile, puis plus loin un monsieur qui très vite a rouspété sans en être bien conscient mais j'ai pensé que cela devait être son caractère. En face de moi un monsieur qui semblait bien réveillé et attendait qu'on l'emmène.
C'était étrange cette impression de ressentir clairement ce qui se passait autour de moi tout en étant à l'abri et au chaud sous ma couverture chauffée comme à l'écart du monde.
L'infirmière est revenue pour ôter la soufflerie d'air chaud et tous les capteurs (doigts, poitrine). J'ai constaté que je n'avais plus ma jolie blouse verte. Qu'avait-on fait de moi pendant mon inconscience ???

Deux brancardiers m'ont roulée jusqu'à ma chambre. Une infirmière m'a demandé si j'avais mal et combien sur une échelle de un à 10. Question difficile ! Je ne peux pas dire que j'avais mal, je ressentais une lourdeur dans la jambe. Elle a réglé la pompe à 2 et j'ai eu droit à la chemise de nuit en tissu de la même coupe que celle en intissé !

Il était 13h. Je ne sais pas combien de temps a duré l'opération.
J'avais un pansement sur le dos de la main gauche et le catheter sur la main droite. Y avait-il eu un loupé ?
Je regardais tomber les gouttes les unes après les autres du sac de sérum, comme le temps dans un sablier et je m'endormais par période. L'infirmière venait me voir régulièrement.

J'ai demandé si je pouvais me lever mais on m'a dit d'attendre et de goûter avant. Je n'ai jamais vu passer le goûter !

Avant le repas une autre infirmière m'a demandé si je m'étais levée. J'ai répondu que j'attendais le feu vert, alors elle a installé un portant pour que je puis me lever et me déplacer avec la perfusion et la pompe. Gros pansement sur la cuisse et plus petit à l'aîne. Cela tire un peu mais c'est supportable et la tête ne tourne pas.

J'ai enfin le droit de dîner. Bon ce n'est pas bombance juste une soupe, pain fromage et kiwi.

Visite du chirurgien qui m'explique qu'il a retiré 3 ganglions qui sont partis en analyse pour des résultats sous quinzaine lorsque je viendrai faire enlever les fils. Il ne déduit rien sur le fait d'avoir enlevé 3 ganglions au lieu d'un. Les 3 avaient réagi au marqueur. Je n'ai pas cherché à savoir si c'était mauvais signe pour la suite. J'ai juste demandé si cela aurait plus d'incidence quant aux jambes lourdes. Il m'a dit qu'en effet cela pourrait l'affecter et que je devrais porter des bas de contention. J'ai encaissé la nouvelle calmement même si je comprenais bien tout ce qui pouvait en découler ; l'effet retard de l'anesthésie sans doute. Et puis mon père étant présent je voulais rester maître de moi.

Un peu après l'anesthésiste est passée. Je lui ai demandé pourquoi le pansement à la main gauche mais elle a éludé la question en disant qu'elle avait changé de main. Mystère !

Ce fut une nuit de sommeil en pointillés. J'avais déjà pris de l'avance dans l'après-midi et l'infirmière venait régulièrement. De plus j'avais mal à la tête par moment ce qui me semblait étrange vu que j'étais traitée contre la douleur. Enfin c'était supportable.

Le matin est arrivé. J'ai eu mon premier petit déjeuner. Puis le changement de pansement.

J'ai vu la cicatrice à la cuisse. J'ai eu un choc. Je ne m'attendais pas à cela. L'impression d'avoir été mordue par un requin. Deux bosses et un creux. J'ai demandé à l'infirmière si ce creux allait se combler. Elle m'a dit que les extrémités allaient dégonfler mais qu'il y aurait une différence. On pourrait voir plus tard s'il était possible d'arranger cela. La cicatrice à l'aîne est négligeable. Une couture et des stéri-strips.
Elle a enlevé la perfusion et donc la pompe. J'ai craint de me mettre à avoir mal mais rien ne changeait. J'ai fait ma toilette, enfilée une vraie chemise de nuit et j'ai attendu que l'on m'autorise à sortir.

Le chirurgien est passé. Bien sûr je lui ai dit que j'avais été surprise par l'allure de la cicatrice. Il a pris le temps de m'expliquer, d'être rassurant. Il s'est accroupi à hauteur du lit car il sentait mon désarroi. J'avais l'impression d'être une gamine à qui l'on dit que ce n'est pas grâve, que cela va s'arranger. La voix chevrottait toujours à cause de l'intubation mais aussi parce que les larmes n'étaient pas loin. Il faut compter 6 mois, un an pour que la cicatrice prenne sa forme définitive mais il restera un creux car de la matière a été enlevée. On pourra voir alors si la cicatrice peut être reprise si vraiment je la vis mal.
Il m'a mise au repos pour trois semaines et a donné le feu vert pour ma sortie.

J'ai appelé mon père pour qu'il vienne me chercher et j'ai attendu. Les larmes ont commencé à couler.
Tout était fait, on ne reviendrait pas en arrière et il y avait encore les résultats à venir. L'infirmière qui avait changé le pansement me disait que le bout de peau était aussi envoyé en analyse (je n'y avais pas pensé) et qu'il était possible que l'on refasse une exérèse plus large si besoin.
Je me sentais un peu perdue. Je ne comprenais pas bien pourquoi cette cicatrice me tenait tant à coeur. J'en ai d'autres que je n'ai jamais hésité à laisser voir mais là je me disais que je n'étais pas prête de me remettre en maillot de bain pour mes 2 km de natation.

Dernier repas à l'hôpital. J'ai rangé mes affaires et mon père est arrivé. Alors j'ai craqué.
Dans mes larmes il y avait non pas la peur de mourir, ni de souffrances à venir au vu des résultats, non juste cette impression que personne ne m'aimerait plus jamais, que cette cicatrice était un élément de plus à ma déchéance. Qui voudrait encore de moi alors qu'avant personne ne s'intéressait déjà plus à moi ?
Comme je suis un brave petit soldat je me suis ressaisie, je suis allée récupérer mes papiers et j'ai clopiné dans les couloirs jusqu'à la sortie.

Trois semaines pour retrouver mon refuge, mon monde textile et avoir du temps devant moi...

Crabe_petit

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Commentaires
M
rien de mieux que de mettre des mots pour surmonter ta maladie,et la création de ce blog guérisseur<br /> je penses bien à toi <br /> bises Mamo
B
là aussi, je te lis...
V
un jour, ton chemin croisera celui qui saura voir la belle personne que tu es, Sylvie<br /> aies confiance en la vie<br /> tu as toujours eu une énergie incroyable, une pêche d'enfer, un moral d'acier malgré les coups durs<br /> ne défailles pas, pas maintenant !<br /> mille doux baisers,<br /> Vava
A
Que te dire Sylvie<br /> Tu en parles, c'est très bien et très bon pour surmonter la maladie.<br /> Ton histoire ne me donne même pas envie d'arrêter le soleil, j'ai l'impression d'en avoir trop besoin !!!!!!!!!!!!!!<br /> Je pense beauooup à toi, <br /> Fait tout ce qu'il faut pour surmonter ce crabe<br /> Gros bisous
S
... difficile de trouver des mots en lisant tes mots aux "étranges sentiments" et tu m'alertes aussi sur le fait que je me néglige j'ai des grains de beauté de toute part et ne préviens pas... je reconnais... j'en ai honte... et ton témoignage devrait me secouer pour peut être/sûrement en faire enlever<br /> merci
Une histoire de mélanome
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